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L’identité visuelle des clubs de Pro A : Les messages à caractère informatif

dimanche 27 juillet 2008, par Hugues Marcel

Méa Culpa

L’article précédent , « Le cougar de la honte », a suscité de nombreuses réactions sur le forum de ce site. Je voudrais juste préciser que son ton volontairement provocateur était fait justement pour lancer le débat sur la médiocrité générale des logos et de tout ce qui touche l’identité visuelle des clubs. Il n’était en aucun cas dans mes intentions de chambrer les Nancéens et de leur rentrer dedans gratuitement.

Je regrette le ton semi-ironique à la limite de la méchanceté qui était trop souvent utilisé. Si j’assume le fond, je déplore un peu la forme. Ne voyez dans cette chronique qu’un billet d’humeur, qui j’espère vous fera parfois sourire, de quelqu’un dont le graphisme est la profession et qui présente la tare d’être passionné de basket. Pas uniquement parce ce qui se passe sur le terrain mais aussi autour, à côté. La communication, l’identité visuelle, l’image, le logo... tout ça m’intéresse au plus haut point. Et je suis parfois un peu en rogne quand je vois le niveau général de tout cet aspect là du basket de haut-niveau en France.

Je ne pense pas être le seul dans ce cas.

Une dernière vacherie

Oui. C’est pas gentil d’être méchant. Mais comment ne pas l’être aussi quand on voit ça :

Le Couguar des Ardennes au moins est un concept fort pour les supporters. Avec la J.A.V, on est dans le rien. Le néant concrétisé par une laideur sans nom. Le lettrage hideux est à ce point écrabouillé par une « virgule » que ce pauvre J s’en casse la gueule. Ou peut-être glisse-t-il sur ce qui semble être un ballon.
Ah cette virgule... Je suppose que c’est « pour faire Nike ». Mais la virgule de Nike est un chef d’œuvre d’équilibre et d’élégance qui, n’en doutez pas, a dû demander beaucoup de travail. De plus quand Nike fait figurer le nom de la marque, ils le placent au-dessus de la virgule, pas en dessous. Le logo soutient la marque. Elle ne l’écrase pas.

Que dire de plus ?
Rien...
À part soupirer de consternation.

Voilà. Je ne serais plus jamais vraiment méchant...
Promis juré.

La moquette au mur

Les « Messages à caractère informatifs » étaient des petits sketches diffusés sur Canal + à la grande époque de « Nulle part ailleurs ». Ils consistaient en des détournements d’authentiques films d’entreprises datant des années 80.
Voilà à quoi me font penser les logos du CB, MSB, SIG, EO, SPO et BBCD : à des « messages à caractère informatif » !

En arrière plan du staff... de la moquette au mur !

De la caisse des impôts aux galaxies lointaines

Au BBCD, on réussit l’exploit de caser trois typos différentes pour quatre mots. Une bien grassouillette sans serif pour la ville, une avec serifs, mais maigre et italique en tout petit illisible pour le « basket » et le « comté » curieusement accolés et enfin une bold serif, mais en minuscules pendant que les autres se dressent en cap. Et le tout bien collé car l’ovale symbolisant la trajectoire du ballon a été prévue un poil étroit. Il y a un ballon aussi. Pi deux pétouilles bleues. Et le tout présente un look délicieusement en-tête administrative 1991. Que faire pour corriger tout ça ? Harmoniser la typo et la rééquilibrer dans l’ovale ? Virer les deux chiures bleues sensées représenter la course de ballon ?... Ou tout simplement le repenser et le refaire.

Question aux Orléanais ? EO ? On prononce eu-ho, (disgracieux), hé-ho, (boy-scout), i-ho, (là ça sonne vachement S-F) ? J’aime bien la version S-F, elle colle bien au logo. Car on voit grand à bord du vaisseau doré I-HO, à l’échelle de la galaxie. Une galaxie sombre sans étoile, hostile peut-être. Mais on fend le vide interstellaire avec enthousiasme et soif de conquêtes comme le soulignent les élégantes traînées des deux réacteurs atomiques. Il me plaît bien ce logo. Et en prime, la typo en rajoute une couche pour le look rétro-futur seventies... C’est cohérent. Alors pourquoi l’avoir rangé dans cette catégorie des « sans imagination » ? Parce qu’il n’y avait qu’un bête ballon laissant une double traînée ? Oui, mais avec peu d’imagination... finalement... on se prend un bon trip Star Treck.

« Libérez le SPO ! Libérez le SPO... »

« Laissez-moi sortir ! » hurle le taulard supporter du SPO Rouen ! Il n’en peut plus dans sa prison bleue pétard aux fins mais efficaces barreaux blancs.
Mais ce qu’il y a à retenir dans le logo du SPO, c’est l’incroyable équilibrage de la typo. Laissons le vieux prof nous expliquer tout ça :
« Élève SPO, vous avez vu comment vous m’avez équilibré cette typo ? Regardez moi ça ? C’est ni fait ni à faire :

Je vous ai indiqué les lignes d’équilibre. Il n’y a que les roses de l’espacement entre les mots qui vous sauvent du zéro pointé. Mais pourquoi donc, vous vous êtes entêté à faire figurer le u de Rouen absolument au centre ? Il n’est pas au centre. Même pas au centre du mot Rouen vu que le R prend plus de place que le n. Regardez la ligne verte. Et vous voyez les dégâts que ça provoque en bas ? Car l’important, élève SPO, c’est que la première lettre du premier mot soit alignée sur l’horizontal avec la dernière lettre du dernier mot. C’est pourtant pas dur à comprendre.

Aaaah... Voilà qui est mieux. Les points entre les mots ?...Hummm... m’ouiii... ça habille. Sinon vous pouvez basculer basket en bas aussi. Mais attention à bien le centrer. En cap ? Si vous voulez. »
Les vieux profs sont parfois barbants, mais ils ne disent pas que des bêtises.
Et les barreaux ?
Ils ont sûrement une signification.
C’est à souhaiter.

Bureau d’Études

Le Rhénus ? Direction la Z.I, Vous tournez au troisième rond-point après les entrepôts logistiques.
Les vestiaires ? C’est au quatrième, à droite en sortant l’ascenseur, juste entre la compta et le bureau d’étude. Bureau d’étude où a sans doute été conçu le logotype de la SIG. Il n’y a pas à dire, ces gars-là savent tenir une règle et un compas. Ah ça... il n’y a pas de pétouille cracra dans les angles. Ça sent le travail à l’ancienne, les calques soigneusement poncés à la lame de rasoir et les pointes Rotring curées au dissolvant. Ou alors ces techniciens découvraient le dessin vectoriel sur ordi et ne maîtrisaient que les droites et les cercles. Mais dans les deux cas, on a laissé l’imagination à la maison. On cherche en vain le soupçon d’une idée et l’élément qui se raccroche à une identité, une volonté, un désir... Peine perdue ! Ici nous sommes dans l’austère, dans le propre à la limite du sinistre.

Le ballon de la SIG ne fait que passer. N’y faites pas attention. Les trois traits parallèles qui s’accrochent à lui indiquent qu’il ne déviera pas de sa route bien droite. La typo SIG est basique, une Futura, Helvétiqua... Peu importe, le drame est qu’elle a été étroitisée sans retouche. Si bien que les graisses horizontales, (surtout visibles sur le G), sont plus épaisses que les verticales. Pourquoi ne pas avoir choisi d’emblé une typo étroite ?

Puis, nom d’un p’tit bonhomme... Strasbourg ! Capitale européenne !, L’Alsace... ses cigognes, ses maisons à colombage, son Riesling... Ça ne manque pourtant pas d’éléments identitaires pour un truc plus sympa que la « zigue ». Je ne sais pas moi... Appelez-vous les « Strasbourg’s European Storks »... S.E.S ! Au moins vous pourrez faire un logo plus rigolo, plus groovy. En piochant dans des courts-métrages Disney de l’âge d’or, je suis sûr qu’on peut trouver une inspiration pour créer une cigogne, virile, marrante, flashie. Ou alors autre chose.
Mais remuez-vous les méninges nom d’une pipe.

Les étoiles du campus

À Cholet et au Mans, on partage les mêmes valeurs. Elles ne sont pas charcutières. Elles sont caractérielles. Les deux ont opté pour des initiales en « Allstar », une typo campus US vintage qui doit taper ses 50 ou 60 ans, peut être plus. Très prisée pour orner les « blousons basket » fifties qui ont celé à jamais le lien entre le basketball et le rock’n’roll, la « Allstar » a connu son heure de gloire en Frances en pleine période baba. Car le baba cool appréciait le sweat-shirt floqué sur le devant d’un « Columbia University », « California University », « Trouducstate University »... C’était au choix. Comme la couleur. Mais la typo elle, c’était toujours une « Allstar ». Les logos du CB et du MSB dateraient-ils donc de la parenthèse enchantée ? C’est impossible. Ni l’un ni l’autre n’existaient à l’époque. Donc ça veut dire que ça a été dessiné après... bien après !
Donc la typo était déjà cramée, totalement has been.
Que Saint Joost Swarte les pardonne !
À préciser quand même que ce drôle de choix réussit plus aux Maugeois qu’aux Sarthois. En effet, plus de la moitié de l’espace est occupée par ces deux seules lettres : CB. Même à petit format, mal scanné pour internet, le lettrage existe plein et entier. Au Mans, dès qu’on passe au moins de trois centimètres de large en 72 PPI, bye bye les traits de surlignage . Ils se noient dans les pixels, vibrent, disparaissent.
Même goût commun à l’Ouest pour l’étoile qui brille de tous ses feux. Grosse et unique du côté de la Meillerais. Double mais rikiki à Antares.
Pour se donner des couleurs, les Choletais ont plongé dans le rouge. Dans le rouge seulement ou dans le rouge et le blanc ? Mystère ?
Sur fond de couleur, lequel est le bon logo ?

Celui de droite ou celui de gauche ?
Y a t’il un Choletais qui saurait répondre ? Personnellement, je préfère celui de droite.
Il y a une chose qui m’étonne aussi. C’est que vous ne profitiez pas de la formidable chance que tous doivent vous envier. Cholet et Basket, surtout en cap, ça prend pratiquement le même encombrement. Vous pouvez les disposer l’un au-dessus de l’autre ou en bague de cigare, aucun problème de justif’. CB ! Cholet Basket ! Y a vraiment moyen de faire des trucs bien avec ces deux seules lettres, ces deux seuls mots !
Pas besoin d’étoile.

Au Mans, comme à Cholet, aux étoiles, on leur file un bon coup de latte à droite, histoire de les faire pencher sur leur gauche et de leur apprendre qui est le patron. C’est sans doute aussi pour faire « dynamique ». On fait monter. Toujours sur la droite. C’est une règle bien apprise à l’Ouest de la Capitale. La aussi 1 pt aux LF pour le CB qui a eu le mérite de légèrement la déformer dans un subtil effet de perspective qui lui confère ce semblant de dynamique tant recherché. Au MSB, les deux frangines se contentent de se casser la gueule dans un parfait synchronisme. Faut dire que les pauvres... Déjà qu’on les voit à peine en Tango tirant sur le rouge sur fond bleu violacé très sombre. Les surligner de blanc ? Trop petites. Cela provoquerait le même effet que le surlignage de la typo à petit format.
Le tout est en bague de cigare avec ballon tiré au cordeau au centre et le bandeau tronqué en triangle sur les côtés. Ce qui provoque un petit effet comique avec les deux étoiles. Celle de gauche essayant du bout d’un bras de toucher la pointe du triangle. Celle de droite au contraire, court se protéger derrière le ballon de peur d’être éventrée par la pointe du triangle opposé. On se marre bien à Antarès.
Le relookage, récent, en « magnet », avec effet de volume et ombres fines apporte un peu de volume et de consistance, mais reste un cache-misère conceptuel.
Est-ce à ce point un désert culturel, historique, environnemental en Sarthe pour n’avoir qu’un bien plat ballon, deux étoiles branlantes et une typo qui faudra attendre 20 ans pour qu’elle redevienne fashion ?
Je ne crois pas.
À suivre...

PS : Pour nos amis nancéens deux autres pistes du Couguar. La seconde m’a été inspirée (avec son autorisation) par l’essai très intéressant de JC, un forumeur pilier du topic SLUC.

Prochain épisode : « Oui Oui au pays des Bisounours »