« Les gens ont du mal à évaluer ce que représenterait un nouveau titre pour nous », déclarait Ettore Messina dans la semaine précédant cette finale de (très) haut vol. En effet, les joueurs du coach italien rentrent particulièrement concernés dans cette finale et semblent faire fi de l’ambiance hyper-hostile (mais hyper sympa pour un passionné de basket neutre tel un Suisse !) provoquée par les supporters hellènes plus déchaînés que jamais et bien reposés par un samedi à faire du tourisme et du shopping sur le Kurfürstendamm de Berlin.
On ne peut pas en dire autant de leurs joueurs qui encaissent un 4-0 d’entrée, peut-être perturbés par les changements de défense orchestrés par Messina (zone sur la première possession, puis à 13-9) . Cela ne dure heureusement qu’un temps pour les grecs, qui parviennent à trouver quelques paniers rapides par Spanoulis, qui sanctionne également à 3pts dès qu’il le peut. Le Pana revient ainsi progressivement dans la course, grâce également à son rebond offensif et à l’impact de plus important de Pekovic qui semble plus à l’aise pour attaquer une zone. Tellement, qu’il provoque la faute technique Smodis, qui paie ici l’ensemble de son œuvre ainsi que pour son coach, déjà averti peu de temps avant. Enquillant 4 lancers, Pekovic donne un petit matelas d’avance à son équipe (17-12). La machine grecque semble être en route et les 5pts d’avance sont toujours là à la fin de la première période (21-16).
Si le quart-temps numéro 2 démarre de manière un peu plus heurtée, il est dans la continuité des 3 dernières minutes. Le Pana a décidé de verrouiller l’accès à sa raquette, et propose une série de séquences défensives d’un niveau exceptionnel. Les Moscovites sont complètement atones offensivement, et Diamantis (3pts), Jasikevicus (3pts) et Nicholas (2) ne se privent pas pour enfoncer le clou et ponctuer un 8-0 qui donne déjà 12pts d’avance (31-19) à une équipe grecque qui semble au sommet de son art. Ce que confirme la suite des événements, puisque le Pana propose un niveau de jeu peu ou pas vu cette saison. Chaque écran, chaque passe, chaque tir est parfaitement exécuté, les violations des 24 secondes moscovites succédant aux tirs à 3pts ouverts (8/14) réussis par Jasikevicius, Spanoulis et consorts. Chaque joueur y va de son tir meurtrier, d’autant plus facile à faire que chaque système est mis au service du talent de chacun des joueurs du Pana , qui s’éclatent, tout simplement . C’est facile le basket, joué ainsi... Il faudra toute la psychologie de Messina pour remotiver son équipe, complètement capot à 3pts (0/6) , et dont une des rares faiblesses apparait désormais de manière criarde, mise en évidence par le roster athénien. Il manque un 5 d’impact à Messina et son staff pour pouvoir gérer la rotation orchestrée par Obradovic avec Pekovic et Batiste. A la mi-temps, le match semble déjà joué, et on voit mal le Pana perdre avec 20pts d’avance (48-28) et la salle derrière lui.
Si Jasikevicius enfonce le clou avec un nouveau tir primé sur la première possession de la seconde mi-temps, la suite montrera, comme le veut le cliché, que la vérité d’un quart-temps n’est pas celle du suivant ! C’est au tour du Pana de ne plus trouver la clé en attaque. Qu’il semble loin le basket fluide d’il y a 20 minutes ! Le CSKA a le mérite de s’accrocher et marque enfin son premier tir à 3pts par Trajan Langdon et revient, petit à petit. Se mettant au niveau de son adversaire en défense, les moscovites refont en un clin d’œil leur retard au rebond et infligent un 18-8 pour revenir à 10pts à la fin du 3e. Exactement ce qu’il fallait pour rendre passionnante la fin de match ! Qui aurait dit que le différentiel à l’éval serait de 24 à -3 dans ce quart temps en faveur du CSKA ?
Dans ces cas-là, soit l’équipe qui a tout donné pour revenir paie le prix de ses efforts et laisse l’accordéon se refaire pour finalement mourir loin et sans regrets, soit c’est un autre match qui démarre et il était écrit que cette finale d’Euroligue 2009, pour le final four le plus réussi de ces dernières années, ne pouvait se jouer sur un quart-temps. Le CSKA continue sa remontée, y croit de plus en plus , sûrement aussi grâce aux bisous envoyés depuis la touche par la poupée russe en robe de son pays. Mais surtout grâce à Khryapa qui score 2 fois à 3pts (avant de trembler sur la ligne des lancers) et Siskauskas, discret tout au long du match mais une fois de plus décisif dans le money-time. Le même Siskauskas qui aurait pu donner la victoire aux siens, puisque le concours de lancers-francs des dernières possessions a donné la possession de la gagne au CSKA. Malgré la défense haute de Nicholas qui aura su pousser juste ce qu’il fallait, Siskauskas est trop court de quelques malheureux centimètres.
C’est donc le Panathinaikos qui sort une nouvelle fois vainqueur de cette opposition en finale face à Moscou (remake de la finale 2007, avec le même écart). Mais cette fois-ci c’était sur terrain neutre (enfin si l’on peut dire) et dans la douleur car le CSKA aura vraiment tout donné pour revenir. L’Euroligue peut se frotter les mains, ce Final Four restera mémorable et fut une fantastique vitrine pour le basket européen. Pour l’anecdote, c’est Vassilis Spanoulis qui est élu MVP, mais cela aurait pu être Jasikevicius, Batiste, ou même Pekovic. Pfff, pour nous supporters français, c’est vraiment pas du jeu...
Panathinaïkos Athenes bat CSKA Moscou 73-71 (21-16, 27-12, 8-18, 17-25) :
Pana : Spanoulis 13, Perperoglou 6, Batiste 6, Fotsis 13, Nicholas 7, Tsartsaris 2, Diamantidis 10, Pekovic 6, Jasikevicius 10
CSKA : Zisis, Smodis 9, Siskauskas 13, Holden 14, Lorbek 5, Langdon 13, Kaun 3, Khryapa 9, Planinic 5