On passera sur les atermoiements habituels en Afrique : défaut d’intendance pour certains pays, divergences entre le pays organisateur et les autres participants sur le choix des salles : tout finit par s’arranger autour d’un bon couscous, avec l’inévitable intervention des politiques et la pseudo-générosité des sponsors... Le public, traditionnellement plutôt footeux mais éveillé depuis peu au Basket par les rencontres NBA distillées par les télévisions, répondit présent et se montra exigeant surtout à l’égard de ses joueurs : une équipe d’Algérie initiée au basket international par une première participation au dernier Mondial, renforcée par des joueurs opérant en Europe : Bouziane, Boughedir...
La première phase a été dominée par l’Algérie pour le groupe A ( 4 victoires / 5 ) qui se permit le luxe de battre le Nigéria d’un tout petit point : 73 - 72 ! Dans le groupe B, l’Angola fit carton plein ( 5 victoires / 5 ) avec un succès sur l’un des favoris de l’épreuve, le Sénégal : 67 - 59.
En quart de finale, on enregistra les résultats suivants :
Algérie - Maroc : 81-66 / Angola - Mali : 67-50
Nigéria - Centrafrique : 63-51 / Sénégal - Tunisie : 72-67
Les 4 pays favoris étaient, comme prévu, qualifiés pour les demi-finales. Le Sénégal, renforcé par des joueurs opérant en Europe et même en NBA (Malick Badiane) lamina l’Algérie ( 80-48 ) alors que l’Angola disposa du Nigéria ( 67-62 )
A la grande déception du public local, l’Algérie, privée de Bouziane et de Boughedir blessés, s’inclina encore pour la 3° place devant le Nigéria et, en finale, l’Angola vint à bout du Sénégal : 70-61.
La CAN venait aussi de désigner les futurs représentants de l’Afrique pour le prochain Mondial qui aura lieu au Japon en 2006 : Angola et Sénégal.
Ce championnat d’Afrique inspire plusieurs réflexions :
1° La domination de l’Angola dont le basket est peu connu : pas de grands joueurs en Europe sauf au Portugal, pays dont le championnat est bien modeste ; aucun représentant en NBA. Ce pays relève par ailleurs d’une guerre civile qui a duré des années. Le mystère reste entier sur cette domination : les apparitions régulières de l’Angola en tant que représentant du Continent, au Mondial et aux JO, n’ont jamais donné lieu à de grandes performances malgré quelques coups d’éclat par çi par là !
2° Les 3 pays du Maghreb, entièrement acquis au football, pratiquent un basket "play ground", misant sur des meneurs de petit gabarit, habiles et roublards mais cela reste insuffisant. Il leur manque la taille et la masse athlétique si bien qu’ils sont dominés dans la raquette. L’adresse des joueurs reste très moyenne à 2 points et aux lancers francs, faible à 3 points. De plus, lorsque le jeu se durcit, faute de moyens athlétiques pour resserrer la défense, les joueurs arrosent à 3 points sans succès ce qui donne encore plus d’occasions à l’adversaire !
3° Parmi les pays d’Afrique noire, il y en a plusieurs qui possèdent des joueurs de niveau international : l’Angola, le Nigéria, le Sénégal,
le Mali... Malheureusement, la plupart de ces joueurs sont aspirés par la NBA ou l’Europe et leurs pays d’origine ont le plus grand mal à en disposer pour les grandes compétitions soit parce qu’ils ont acquis la nationalité du pays d’adoption, soit parce qu’ils ont des exigences impossibles à satisfaire. La liste est longue de ces joueurs qui font le bonheur des USA, de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et on en passe... On peut citer les plus connus :
Nigérians : Ekezie (Atlanta), Olowokandi (Minnesota), Olajuwon (Houston), Akpomedah (France)
Sénégalais : Diop (Cleveland), N’Diaye (Clippers de LA), Sow (Toronto), Wade (Miami), Badiane (Houston), Faye (France)
Soudanais : Deng (Chicago), Bol (Washington : 230 cm !)
Congolais : Mutombo (Houston), Ilunga-Mbenga (Dallas), Bokolo (France)
Maliens : A. Sy (France)
Pays inconnu : Ndudi (Minnesota), Okafor (Charlotte Bobcats), Iguodala (Philadelphie)
4° Lorsque les pays d’Afrique seront mieux organisés et qu’ils disposeront de plus de moyens, ils pourront aligner des équipes qui seront candidates aux titres olympiques ou mondiaux, surtout si les championnats européens s’ouvrent totalement comme il est prévu.
Leurs joueurs n’auront plus besoin de changer de nationalité pour opérer en Europe : ils seront alors sélectionnables pour leurs pays d’origine.