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NBA : Ces européens qui envahissent la "Grande Ligue"

vendredi 19 janvier 2007, par Vianney Pannet

Qu’ils soient européens ou qu’ils aient fait leurs classes en Europe et plus particulièrement en Euroleague, ils sont de plus en plus nombreux à fouler les parquets de la NBA.
Elle est révolue cette époque où la NBA était une ligue fermé avec les Divac, Sabonis ou le regretté Petrovic qui faisaient leur petit trou de manière assez discrète.
Depuis quelques années, tous ou presque sont les cibles privilégiées des scouts.

La situation est néanmoins très paradoxale car ils ne sont pas rares les exemples de joueurs recrutés et laissés au ban de leur franchise. La révolution est en marche, c’est certain, mais certains coaches n’ont pas encore compris qu’elle était irrémédiable et considèrent que le basket est encore une histoire d’américains qui se joue entre américains.
Pourtant, la grande Amérique décline et n’a plus gagné de titre au niveau international depuis les JO de Sydney. Si on peut être fier du parcours des nôtres lors de cette compétition et s’ils ont fait de la résistance en finale, il n’y avait pas grand chose à redire, l’ersatz de dream team était encore au dessus.
Depuis, ce n’est plus le cas. Le déclin a débuté par une humiliation cuisante à Indianapolis. A domicile, le team US ne fait pas mieux qu’une vilaine sixième place ! Reggie Miller chez lui est humilié, mais la leçon du basket à la culture FIBA et très européenne (dont l’Argentine fait partie malgré son emplacement géographique) ne fait que débuter.
2 ans plus tard, c’est derrière la peur d’attentats et une paranoïa folle que la plupart des stars refusent la sélection pour les JO à Athènes. Finalement, c’est la nouvelle vague qui est envoyée, avec en tête, les Wade, Anthony et James qui ne connaissent pas du tout le basket FIBA. L’humiliation est moins cuisante mais ce n’est au final qu’une troisième place qui se profile. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est en manque certain de scouting que le Team US débarque au Japon cet été. Résultat, une élimination en demie finale contre un bijou de collectif en la présence de l’équipe grecque. Coach K. étant même pris la main dans le sac après le match en nommant les joueurs par leurs numéros et non par leur noms.
En NBA, on se pose donc des questions. Certains ont pris le taureau par les cornes et ont construit une équipe d’Euroleague. C’est le cas de Toronto qui fait peau neuve cet été et affiche désormais fièrement ses Garbajosa, Calderon, Bargnani et Anthony Parker, américain de son état mais qui a fait ses classes en Europe.
On commence à comprendre l’intérêt de l’ouverture au monde, pour des raisons sportives évidentes mais aussi pour des raisons économiques. Que vont penser les fans si leurs joueurs ne sont plus que des seconds couteaux du basket mondial ?
Malheureusement, tous ne l’ont pas encore compris.
Ainsi, on voit Welsh qui fait un petit tour et puis s’en va avant de revenir en Euroleague.
Spanoulis, bourreau du Team US au Japon doit se contenter d’un rôle de presseur de citrons du côté de Houston. L’an dernier, Macijauskas, sûrement l’un des meilleurs basketteurs au monde avait connu le même châtiment du coté de la Nouvelle Orléans. Que dire de Boris Diaw, MIP 2006 mais qui a du se morfondre des matches durant sur le banc des faibles Hawks et qui maintenant fait le bonheur d’une top team ?
La même mésaventure est arrivée au n°2 de l’exceptionnelle draft 2003. Milicic, prospect de talent, très jeune qui a fait les frais de la politique trop rigide de Larry Brown chez des Pistons qui dominaient la ligue de la tête et des épaules et qui gagne petit à petit sa part de temps de jeu dans une franchise d’Orlando qui ne cesse de nous surprendre.

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Anthony Parker

Prenons d’abord quelques exemples de joueurs US délaissés par leurs compatriotes qui ont fait leurs classes en Europe et qui maintenant prouvent qu’ils peuvent apporter.
Mike James, meneur n°1 des T-Wolves, passé en France, à Chalons en Champagne puis à Nancy avant de pouvoir avoir une chance d’évoluer dans la prestigieuse ligue.
Cet été, il a décroché le gros lot niveau contrat et le Big Ticket en personne est intervenu en VRP de luxe pour que le meneur signe chez les siens après une saison à plus de 20 points chez les Raptors.
Anthony Parker dans un autre registre a été « jeté » du monde NBA en 2000 et a fait les beaux jours du Maccabi Tel Aviv avant d’avoir de nouveau sa chance dans la ligue. Tous ceux qui ont pu voir ne serait ce qu’un match du Mac’ ont été bluffés par sa classe naturelle et il prouve à toutes ses sorties qu’il a la carrure pour assurer un rôle non négligeable en NBA.
Même topo pour Maceo Baston, drafté très loin en 1998, qui débarque en Europe en 2000, tente sa chance chez les Raptors sans succès en 2002, revient en Europe, remporte brillamment l’Euroleague, lui aussi avec le Mac’ et signe cet été aux Pacers.
Nous pourrons bientôt ajouter à cette liste Alex Acker, débarqué des Pistons, et qui resplendit avec l’Olympiakos cette saison.

La NBA a eu la présence d’esprit de créer la NBDL pour former les jeunes joueurs qui n’ont pas encore le physique pour jouer avec les grands, mais on se rend compte qu’il est beaucoup plus intéressant de venir s’aguerrir en Europe, se plier au jeu FIBA et ainsi revenir dans la ligue avec une vision du jeu plus complète.

Ces cas ne sont pas encore monnaie courante, en revanche, les européens qui envahissent le ligue sont eux de plus en plus nombreux.
En particulier, la France voit chaque année son contingent s’étoffer. Tony Parker est désormais All Star. Diaw a reçu le titre de MIP, Mike Pietrus bénéficie de la totale confiance de son coach et montre qu’il en est digne. Les nouveaux eux peuvent connaître le même succès, que ce soit Gelabale, Petro ou Diawara.
Il serait long, fastidieux et ennuyeux de faire l’inventaire complet des européens, mais on peut tout au moins noter les plus « grands ».
Commençons par les exceptions, Ginobili et Oberto, les deux Spurs, le premier étant All Star et adulé par le public Texan. Il a appris à Bologne et fut élu MVP de l’euroleague en 2001.
Ajoutons à ces deux là Nocioni, qui a fait ses classes à TAU, MVP du championnat d’Espagne en 2004 et qui est l’un des piliers des Bulls, équipe pétrie de talent et logique candidat au titre cette saison mais également Scola, drafté, mais qui continue à briller en Espagne du faut d’une clause libératoire exorbitante. Nul doute que sa place est toute trouvée au sein de la ligue (A San Antonio particulièrement).
Certes ils sont argentins, mais nourris au lait du jeu FIBA, vices champions du monde en 2002 et champions olympiques en 2004.

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Nenad Krstic

Les vrais européens eux non plus ne sont pas rares.
Stojakovic, actuellement blessé est l’un des précurseurs, dans la lignée des Divac, le shooteur magique, vainqueur du concours à 3 points du All Star Week End, All star de son état et qui a fait les beaux jours de Sacramento.
Kirilenko. Ancien tueur du CSKA, arrivé jeune à Utah. AK47 est aussi destructeur que l’arme automatique du même nom. Il écœure la plupart des joueurs sur qui il défend avec ses bras tentaculaires. Lui aussi All Star, s’il est en dessous cette saison, on sait tout qu’à n’iporte quel moment il peut allumer toute les colonnes de stats, capable à tout moment de sortir un match à 20 points, 8 rebonds, 8 passes, 5 interceptions et 6 contres, il est un caméléon extraordinaire, un exemple à suivre pour nombre de joueurs.
Pau Gasol, drafté la même année que Parker est lui aussi All Star et est le Franchise Player des Grizzlies. On voit même son impact énorme sur cette équipe. L’an dernier, il les qualifie en Playoffs, cette saison, en son absence après sa blessure lors des mondiaux, Memphis devient l’équipe la plus triste de la ligue.
Ilgauskas, lui aussi All Star et pivot indéboulonnable des Cavs vient lui de Kaunas.
Krstic vient lui du Partizan Belgrade et s’affirmait comme le pivot qu’il manquait aux Nets pour pouvoir prétendre bien figurer dans la ligue avant sa blessure au genou.
Le plus « starisé » d’entre eux est l’Allemand Nowitzki. Considéré par beaucoup comme le nouveau Larry Bird, il mène les Mavs jusqu’en finale NBA en 2006 et à chaque année qui passe, il se rapproche du titre suprême de MVP, qu’aucun européen n’a jamais décroché

Un cas pose problème, celui de Jasikevicius. Considéré par beaucoup comme le meneur le plus talentueux au monde à son époque de gloire, période à laquelle il mena le Barca et le Maccabi au titre suprême en Europe. Il débarque en NBA l’an dernier et ne semble pas trouver sa place aux Pacers. S’il gagne petit à petit du temps de jeu, il est désolant de voir que Carlisle l’aligne en tant qu’arrière alors que ce joueur a de l’or dans les mains lorsqu’on le laisse créer...

Le futur de la ligue nord américaine concernant les européens s’appelle Biedrins, Milicic, Sefolosha, Garbajosa (même s’il n’a plus 20 ans, il est rookie et apportera sûrement beaucoup aux Raptors) pour ceux qui sont déjà dans la ligue et Rudy Fernandez, Navarro, Rubio, Schortsianitis et autres...

D’autres encore ne franchiront peut être jamais le pas quand on voit les contrats qui se signent désormais en Europe, avec qui plus est, pour eux, un jeu beaucoup plus alléchant car plus construit. C’est le cas des Papaloukas, Diamantidis, Papadopoulos pour citer les grecs, et pour citer de plus anciens, se posent pour eux le même problème qui se posait pour Rigaudeau ou Bodiroga. Un jeu old school, très européen, inadaptable en NBA et qui pourtant on l’a vu ces dernières années gagne au niveau international. Les USA dominaient outrageusement principalement du fait de leurs capacités athlétiques bien supérieures. Maintenant que le sport a évolué en ce sens en Europe, même s’il n’atteint pas encore les proportions de la NBA, on voit que le « vieux jeu » fait mieux que se défendre, il gagne...

L’avenir du basket européen est on ne peut plus radieux, et il est désormais l’heure pour la NBA d’ouvrir les yeux et de prendre des leçons de la part du basket FIBA. Pourquoi ne pas songer à une uniformisation des règles ? Assurément on s’en approche de jour en jour. Il se peut que le projet d’extension européenne de M. Stern soit un pas en cette direction. Si les USA veulent gagner de nouveau et de manière fréquente au niveau international, il faudra savoir tirer les leçons des carences du jeu « made in NBA ». Le nivellement se fera sûrement le plus naturellement du monde avec la multiplication du nombre de joueurs dans toutes les franchises et c’est tout le basket qui en bénéficiera.