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L’école du micro d’argent

vendredi 7 janvier 2011, par Jérôme Garnier

Un journaliste et, à ses côtés, un consultant. Ce modèle immuable, tout du moins en France, est ancré depuis des lustres dans le PAF que nous connaissons. Quand d’autres pays privilégient la brochette d’analystes (Etats-Unis par exemple) ou le monologue (l’Allemagne), la France propose systématiquement des duos pour commenter et analyser les rencontres sportives diffusées sur les antennes nationales (on aurait aimé dire publiques, pour le cas du basket). Le basket justement, puisque c’est de cela qu’il s’agit, échappe parfois à la règle sur des matches en différés ou des affiches nocturnes commentées en solo, qui rassemblent quelques aficionados purs et durs.

L’occasion donc de s’intéresser à la composition de ces fameux duos qui tiennent le crachoir pendant les matches et de faire un état des lieux, totalement subjectif de ce qu’on propose au téléspectateur de basket.

On aime :

Le sujet a déjà été largement abordé dans divers médias, la paire Cozette/Monclar, à son échelle et toutes proportions gardées, a fait, fait et fera beaucoup pour la promotion du basket français, bien que les perspectives de développement ne soit pas délirantes non plus. Le "journaliste", ici David Cozette, est passionné, connaisseur, enthousiaste, connu du monde du basket et l’un des rares qui puisse élargir sa notoriété vers le grand public. On aime ou on aime pas la "twilight zone", "le chaud-brûlant" mais force est de constater que Cozette met de la vie dans un match, et au moins aussi important, sait dire que le spectacle proposé n’est pas à la hauteur de ce qui était attendu. Un état d’esprit qui matche parfaitement avec Jacques Monclar, consacré fort logiquement dans les meilleurs consultants "all-sports" l’année dernière par l’Equipe Mag, sur la base d’un style qu’il a su imposer très rapidement. Sobre, avec le niveau d’expertise qui va bien, c’est à dire qui apporte un plus, même au connaisseur, sans verser dans l’ésotérisme. On pourra toujours rester interloqué lorsqu’on entend que "Foxy" passe à "Mandrake" qui transfère à "Victor du café des sports" mais ce serait cracher dans la soupe, d’une certaine manière.

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David Cozette et Jacques Monclar

On souhaite d’ailleurs au football de dénicher ce type de consultant, ce que ne sont ni Bixente Lizarazu, capable de passer un match entier à rire du fait qu’il ait découvert le mot "lisboète", ou Arsène Wenger, sobre et précis mais trop effacé (même si c’est certainement son rôle de 2e consultant qui veut cela) derrière l’omniprésent Christian Jeanpierre. Ce dernier a d’ailleurs un profil particulièrement intéressant puisque le basket peut se targuer de disposer de son alter-ego, son jumeau du micro, en la personne de Patrice Dumont.

On est sceptique :

Il vaut certainement mieux rappeler que le ressenti par rapport à un consultant dépendra de la sensibilité de chacun. Il existe certainement des inconditionnels de Thierry Roland par exemple, mais le débat n’est pas la. Alors pourquoi Patrice Dumont fait-il penser à Christian Jeanpierre ? Tout simplement parce qu’en les écoutant, on devrait systématiquement avoir l’impression de regarder le match de l’année. Le ton du commentaire est toujours associé à une sorte de positivisme béat, voire naïf (une équipe mène de 20pts, il reste 1 minute mais tout est encore possible, alors il ne faut surtout pas zapper !) assortis parfois d’enthousiasme démesuré pour une action complètement anodine, ce qui laisse à penser tout simplement que... le supposé journaliste en question n’y connait pas grand chose. Pour sa défense, il est impossible de devoir commenter basket, handball et volley avec le même degré d’expertise. Baladé un peu à toutes les sauces par Sport+, le pauvre Patrice Dumont ne peut logiquement être un ultra-connaisseur de chacun de ces sports. Le hic, c’est qu’avec 2 matches aussi rapprochés en terme de diffusion (Vendredi et samedi soir), la comparaison avec le tandem premium (Cozette/Monclar) n’en est que plus automatique. Ces deux derniers ne risquent en effet pas de confondre Mike Batiste et Spanoulis, ou plus récemment Aloysius Anagonye et Vlado Ilievski comme a pu le faire leur collègue, dont on ne peut cependant occulter le dynamisme et la bonne humeur.

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Mike Batiste et Vassilis Spanoulis

On attend de voir :

Autre point, le renouvellement des consultants côté Sport+. Cela se discute toujours mais l’expérience Cyril Julian n’aura pas été une franche réussite, l’ex-joueur ayant complètement changé d’orientation depuis. Eric Micoud, en stage sur Sport+, a profité pour s’essayer au commentaire, un exercice pas facile lorsqu’on était joueur de haut-niveau il y a encore peu. Plutôt timide à l’antenne, il a filé par la suite du côté de Ma Chaine Sport pour commenter la NBA et continue son apprentissage. Un jeu de dominos qui a entrainé le recrutement de Stéphane Risacher, qui accompagne donc souvent Patrice Dumont ou Nicolas Baillou. Encore un peu timide et en train de prendre ses repères, on a plus envie de croire à son potentiel qu’a celui de ses prédécesseurs. Si le job lui plait, il devrait, avec un peu d’expérience, pouvoir s’imposer sur un poste qui semble de plus en plus plaire aux anciens joueurs. On n’oubliera pas Richard Dacoury, qui officie désormais sur Orange Sport, toujours dans un stype hyper-consensuel (il n’y a que des bons joueurs, le basket français se porte à merveille).

Reste à peaufiner, avec le temps, la relation de ces duos, formés récemment et qui ont logiquement besoin de trouver leurs marques. Quant au système, chacun se fera sa propre idée. Les américains commentent la plupart du temps à 3 , avec en plus un journaliste de terrain (sur le modèle ce ce qui se fait en football) qui donne des informations plus pertinentes que le sens du vent ou la marque de la bouteille d’eau du gardien de but, détails remontés avec emphase par David Astorga, sur TF1. Les allemands, pour qui le basket est encore plus confidentiel que chez nous mais qui paradoxalement disposent de salles plus modernes que les nôtres, confient le job à une seule personne. L’avantage, c’est que le téléspectateur se sent tout le temps concerné, plutôt que d’assister à une discussion entre deux personnes, ce qui est d’autant plus frustrant quand le niveau d’analyse espéré n’est pas au rendez-vous.