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NBA : Les conditions pour être drafté et intégré

mardi 12 avril 2005, par Dr Naoun

Les joueurs étrangers en NBA représentent environ 19% des effectifs (82/432) et ce taux s’accroît d’année en année car il ne dépassait pas 10% il y a cinq ans.

La définition d’un joueur étranger à la NBA n’est pas si simple : il y a des joueurs qui ont débuté en NCAA et ont été intégrés sans qu’on sache s’ils sont devenus américains ou s’ils ont gardé la nationalité de leur pays d’origine ? Il y en a d’autres dont les noms ont une consonance européenne (Piatkowski, Szczerbiak, Scalabrine, Przybilla, Gugliotta ...), africaine (Wade, Nazr...) ou hispanique (Santiago...) sans qu’on connaisse exactement leurs origines ? Il en existe qui sont devenus américains (Olajuwon, nigérian) ou qui ont troqué leur nationalité américaine contre une autre (Bradley,devenu allemand). Enfin, les joueurs originaires de Porto-Rico (Arroyo, Ramos) et des Iles Vierges (Duncan, Raja Bell) ont un statut particulier en raison des liens de dépendance qui unissent leurs pays avec les USA : les Portoricains jouent pour leur pays mais, Duncan qui a joué par les USA est classé dans les joueurs étrangers par la NBA elle-même ! Il faut également se souvenir des basketteurs qui ont joué en NBA puis sont en retraite ou dans des clubs européens (Sabonis, Boll, Poppa, Muresan, Blabb, Schrempf, Rusconi, Gallis, Amaechi, Mottola, Navarro, Smits, Volkov, Morgunov, Marciulonis, Paspalj, Djorjevic, Danilovic, Vrankovic, Raja, Petrovic, Komazec, Fotsis, Rentzias, Besok, Rigaudeau, Tabak, Tarlac, Sheikhaly, Abdennebi, Longley...) Enfin, il y a les joueurs qui ont été draftés et qui n’ont pas encore rejoint les clubs américains qui les ont choisis : parmi eux, on peut citer Duenas, Bodiroga, Zukauskas, Digbeu, Weis, Scola, Monia, Fetisov, Yu Yang etc... Certains joueurs ont des noms ou des prénoms à consonance arabe : il s’agit d’américains convertis à l’Islam qui ont pris une nouvelle identité : Shareef Abdul-Rahim... Notre TAW national a lui aussi transformé son ancien nom (Olivier Saint Jean) pour s’appeler Tariq Abdul-Wahad.

Pour notre analyse, on retiendra les joueurs actuellement en exercice ou ayant exercé en NBA, venus d’ailleurs même s’ils sont devenus secondairement américains : ils sont environ 110 dont la répartition par origine est la suivante : Yougoslavie : 31 (Serbie : 19 ; Croatie : 9 ; Slovénie : 3) ; Bloc de l’Est : 18 (Russie : 5 ; Lithuanie : 4 ; Géorgie : 3 ; Ukraine : 2 ; République Tchèque : 2 ; Lettonie : 1 ; Pologne : 1) ; Europe de l’Ouest : 27 (France : 6 ; Allemagne : 4 ; Grèce : 4 ; Turquie : 4 ; Espagne : 2 . Hollande : 2 ; Angleterre : 2 ; Finlande : 1 ; Italie : 1 ; Belgique 1) ; Amérique du Nord : 4 (Canada : 2 ; Porto-Rico : 2) ; Amérique Centrale : 7 ; Amérique du Sud : 8 (Brésil : 5 ; Argentine : 3) ; Asie : 4 (Chine : 2 ; CDS : 1) ; Océanie : 2 ; Afrique : 9 (Nigéria : 3 ; Sénégal : 3).

BLOC ou CONTINENT NOMBRE %
YOUGOSLAVIE 31 28,2
BLOC DE L’EST 18 16,3
EUROPE DE L’OUEST 27 24,5
AMERIQUE DU NORD 4 3,6
AMERIQUE CENTRALE 7 6.3
AMERIQUE DU SUD 8 7,2
OCEANIE 2 1,8
AFRIQUE 9 8,2
ASIE 4 3.6
TOTAL 110 100

Le premier critère de sélection est la taille des joueurs : la taille moyenne des joueurs étrangers est de 208 cm contre 200 cm pour les joueurs de souche américaine. Seuls 14% de ces derniers mesurent entre 210 et 215 cm et au-delà de 215 cm , on ne trouve que deux joueurs. Côté étrangers, 44 joueurs mesurent entre 210 et 215 cm ( 47% ) ; 19 entre 215 et 220 cm ( 20% ) et 9 plus de 220 cm ( 10% ). On peut dire que tout basketteur qui mesure plus de 210 cm peut intéresser la NBA et l’intérêt grandit avec la taille : les plus de 215 cm sont tous répertoriés et ceux qui font plus de 220 cm reçoivent tous une offre de la NBA. Plus de 10 joueurs étrangers figurent dans les 50 meilleurs rebondeurs pour la saison 2004/2005 auxquels il faut ajouter les anciens : Sabonis, Volkov, Smits, Longley, Schrempf, Raja, Vrankovic, Tabak, Tarlac, Paspalj, Fotsis, Rentzias, Mottola...

Le second critère est le pays d’origine : les recruteurs de la NBA suivent avec intérêt les grandes compétitions internationales et leur attention est forcément attirée vers les basketteurs qui jouent dans les équipes qui gagnent souvent ces compétitions. Le tableau ci-après récapitule les winners des grands championnats et des JO :

PAYS EUROPE MONDE JO TOTAL
YOUGOSLAVIE 8 5 1 14
BLOC EST 18 3 2 23
AMERIQUE SUD - 4 1 5
EUROPE OUEST 3 0 0 3
AFRIQUE - 1 0 1
OCEANIE - 0 0 0
ASIE - 0 0 0
AMERIQUE NORD - 0 0 0
AMERIQUE CENTRALE - 0 0 0
USA - 3 13 16

L’analyse de ce tableau montre clairement pourquoi la NBA recrute surtout dans les pays de l’ex-Yougoslavie et dans les pays de l’ex-bloc de l’Est. Les joueurs originaires de l’Europe de l’Ouest constituent un contingent non négligeable (24,5%) alors que les résultats au Mondial et
aux JO sont nuls : l’explication tient au fait que dans ce contingent figurent soit des joueurs de grande taille, soit des joueurs de couleur appréciés par leur vitesse, leur détente, leur sens du spectacle et aussi leur capacité d’intégration (5 des 6 basketteurs français admis en
NBA sont des joueurs de couleur)

Le troisième critère est la capacité des joueurs à marquer des points : les basketteurs les plus prolifiques sont appelés des « top-scoreurs » : 7 étrangers figurent parmi les 50 top scoreurs de la Ligue pour la saison 2004/2005 et plusieurs anciens ont figuré parmi les meilleurs scoreurs. Les plus connus sont les allemands Schrempf et Nowitzki, le serbe Stojakovic, le chinois Yao Ming, l’africain Wade, les lituaniens Marciulonis, Sabonis et Ilgauskas, le français Parker, l’argentin Ginobili, le russe Kirilenko, le hollandais Smits, Duncan bien sûr, le grec Gallis, les croates Kukoc et Raja...

Le quatrième critère est l’aptitude à mener le jeu associée à la capacité de marquer des points : les meneurs de jeu étrangers sont souvent des basketteurs complets, délivrant des passes décisives, marquant des points et prenant aussi quelques rebonds. Le meilleur passeur (Nash) est un étranger et 4 étrangers figurent dans les dix meilleurs passeurs (6 / match) : ils marquent aussi des points (16 / match) et prennent des rebonds (4 / match)

Le cinquième critère est le salaire : les joueurs étrangers sont, à évaluation égale, moins payés que leurs collègues américains de souche, surtout au début de leur carrière : par la suite, ils obtiennent de substantielles augmentations qui dépendent de leur valeur et de l’habileté de leurs agents. Il existe en NBA une sorte de SMIC qui valait en 2004 environ 385 000 $, soit 300 000 € par an. Le salaire annuel moyen était en 2004 de 4 185 000, soit 3 245 000 € environ. S’il y a peu de smicards parmi les joueurs étrangers, le salaire moyen s’établit pour eux à 4 711 000 $. Si on tient compte de l’évaluation des joueurs telle qu’elle a été établie par la NBA, on peut comparer les
salaires des américains et de leurs homologues étrangers :

JOUEUR EVALUATION SALAIRE $
GARNETT 32,32 16 000 000
NOWITZKI 28.32 12 585 000
JAMES 27,92 4 320 000
DUNCAN 25,94 14 260 000
O’NEAL 24,83 29 464 000
BRYANT 24,46 14 175 000
IVERSON 24,26 14 625 000
WADE 23,81 2 834 000
NASH 22,36 8 750 000
GASOL 21,93 4 318 000
KIRILENKO 21,24 1 671 000
CARTER 21,13 12 585 000
ILGAUSKAS 19,44 14 625 000
HILL 18,81 14 487 000
STOJAKOVIC 17,48 6 975 000
GINOBILI 17,29 6 600 000
PARKER 16,87 1 545 000
HAMILTON 16,82 7 712 000

Ce tableau met en évidence la grande disparité des salaires entre américains et étrangers et entre joueurs qu’ils soient américains ou non. La valeur du joueur, son rôle dans l’équipe, son aura médiatique et l’habileté de son agent sont des paramètres importants. On peut s’étonner de l’énorme écart de salaire entre Ginobili et Parker, membres
de la même équipe et de valeurs sensiblement égales. LeBron James et Dwayne Wade sont jeunes et nul doute que leurs salaires vont rapidement grimper. A l’inverse, on peut s’interroger sur notre TAW qui touche plus de 5 000 000 $ sans jouer ou sur Zhi Zhi Wang qui a des statistiques
calamiteuses (environ 2 d’évaluation !) et qui
émarge à 2 500 000 $ ! Un joueur étranger de grande valeur reste malgré tout une bonne affaire pour les propriétaires de clubs : Kirilenko ne touche que 1 671 000 $ ; Gasol , 4 318 000 $ ; Stojakovic, 6 975 000 $ et ....Parker, ....1 545 000 $ !

Un sixième critère qui se fait jour de plus en plus est l’opportunité pour la NBA de gagner beaucoup d’argent avec la vente des produits dérivés (maillots, gadgets...) : il est certain que les joueurs intéressants de ce point de vue sont ceux qui viennent de pays très peuplés (Chine) et/ou férus de basket (Afrique, Amérique du Sud) surtout lorsque l’équipe nationale de ces pays obtient des résultats
internationaux probants comme c’est le cas pour l’Argentine,
vice-championne du monde et championne olympique. Le maillot de Yao Ming vendu 40$ à 10 000 000 de chinois (à peine 0,8% de la population) rapporterait 400 000 000 $, soit environ 300 000 000 € ou 45 000 000 F !! Le maillot 9 PARKER a été vendu à des dizaines de milliers de jeunes
français.

Les autres critères qui peuvent intervenir sont la personnalité du joueur, son adaptabilité, son aptitude à fournir du spectacle (à être flashy !) : de ce point de vue, les joueurs de couleur sont avantagés : 80% des basketteurs NBA sont noirs.

Pour être complet, on peut s’interroger sur les échecs en NBA : il en existe quelques uns mais leur proportion diminue compte tenu de l’augmentation des effectifs de la légion étrangère : Rusconi, Rigaudeau, Komazec, Tabak, Tarlac, Djordjevic, Moiso, Paspalj... Les causes
de ces échecs sont multiformes : le manque de dynamisme, l’opposition de style, l’insuffisance de rendement, les blessures, la maladie et ... le boycottage. Les joueurs américains voient sans doute d’un œil inquiet l’augmentation du nombre d’étrangers qui rendent leur draft de plus en plus difficile au sortir des Universités ou qui les relèguent sur le banc : ils peuvent être légitimement tentés de ne pas leur passer la balle pour diminuer leur rendement : le cas a été flagrant pour Petrovic qui a eu du mal à s’imposer malgré un talent exceptionnel avant de succomber malheureusement dans un accident de la route et pour Djordjevic. A l’inverse, il y a des joueurs américains labellisés NBA qui s’exilent dans les pays européens (Espagne, Italie, Grèce, Turquie, Russie...) : ils sont parfois en fin de carrière (Mc Adoo, Wilkins) ou ils trouvent le jeu européen moins exigeant sur le plan physique et psychologique ou enfin, leur salaire net d’impôts en Europe peut s’avérer supérieur à celui qu’ils avaient en NBA, après le passage du fisc américain qui est très gourmand. Ces remarques s’appliquent également aux joueurs européens de valeur qui refusent d’intégrer la NBA alors qu’ils ont été draftés (Bodiroga, Duenas, Scola...)

En conclusion, la possibilité de faire une carrière de basketteur en NBA demande des qualités physiques (taille, vitesse, détente) et techniques (adresse, vision du jeu) exceptionnelles. Elle dépend aussi de nombreux
autres paramètres (pays d’origine, personnalité, abnégation, chance)