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L’identité visuelle des clubs de Pro A : Le couguar de la honte

jeudi 10 juillet 2008, par Hugues Marcel

À l’automne, le SLUC Nancy Basket jouera sur les parquets luisants de l’Euroleague. N’en doutons pas, le Président Fra et Jean-Luc Monschau nous concocteront une équipe de combattants. Soyons en sûrs, le public nancéen saura enflammer Gentilly pour arracher l’overtime et la victoire au buzzer face à des Seigneurs d’Europe. Les Couguars feront honneur à leur ville de Nancy, à la Lorraine... à la France du basket.

Pourtant, il y a un détail qui jette une ombre sournoise sur ce tableau que nous espérons tous idyllique. Une pétouille, probablement sans importance pour les dirigeants lorrains, nous collera, à nous, la France du basket, une grosse honte. Une vétille qui fera des Couguars la risée de l’Europe basketophile. Car si rien n’est fait cet été, amis du bon goût et de la culture graphique, vous aurez la très désagréable humiliation de constater qu’au bal jet set de la balle orange, le nouvel invité ira attifé ainsi :

Staff nancéen, avez-vous conscience que le fan d’Europe, Turc, Serbe ou Italien, qui désirera en savoir plus sur le rookie français se rendra sur le portail de « Euroleague.com ». Sur la page d’accueil, il découvrira un tableau représentant chaque club qualifié avec juste leur nom et leur... logo ! Pour ce fan, ce sera le premier contact visuel avec le SLUC Nancy Basket. Soit il rigole en se fichant de vous, soit il se demande pourquoi un petit club amateur est admis parmi l’élite. Car à force de le voir, depuis tant d’années, vous avez peut-être fini par vous y habituer. Vous n’y faites peut-être même plus attention. Il est pourtant moche votre Couguar. Très moche. Qui peut avoir envie de le porter brodé sur une casquette, tricoté sur une écharpe ou floqué sur un t-shirt ?

Regardez le bien ce felis concolor au strabisme vert fluo. Nous ne sommes ni dans le picto, ni dans le cartoon, ni dans le réalisme... juste dans une médiocrité navrante. Relever toutes les fautes de dessins, (les pattes, les yeux...), serait trop fastidieux et trop cruel pour son auteur.

Nul pleins et déliés, le trait est si fin qu’il en devient insipide. Sauf cette étrange marque noire et épaisse, (alors que le reste du surlignage semble de couleur marron), dont on ne sait si c’est un sourcil ou une balafre. Cette pauvre bête plate et sans ombre tente bien d’attraper un ballon qui, lui, se voit curieusement paré d’un dégradé radial aussi sale qu’anachronique. Mais le fauve à l’épaule droite déboîtée se contente de griffer la typo dans un élan maladroit et perturbateur. La marque des griffes se croisant avec les coutures de la balle tout en s’incrustant dans les lettres, transforme le tout en tambouille illisible. Le lettrage justement ! Disons que c’est ce qu’il y a de moins pire. Une typo sans serif et bien grasse avec ce double surlignage si NCAA. Logiquement ça le fait ! Seulement un lettrage de logo ce n’est pas une simple typo extraite de « Dafont.com ». C’est un dessin à part entière. Il est donc impératif de le vectoriser avant de le retoucher pour que chaque lettre puisse s’harmoniser avec ses consœurs. Le C notamment. Il doit subir une cure d’amaigrissement pour se mettre au diapason de ses petits camarades qu’il écrase de sa masse. Enfin pour finir, un petit mot sur la gamme chromatique dominée par deux orange très proches l’un de l’autre, un rouge sang, quelques tâches noires ça et là, deux petites crottes vertes et une ligne typo bleue électrique dont on se demande ce qu’elle fait là.

Le constat est accablant, cruel... mais malheureusement juste. Nancéens, si vous n’êtes pas convaincus, (son matou on l’aime même quand il n’est pas beau), mettez-le dans une ménagerie de félins NBA, NFL, NCAA. Regardez comme il a l’air chétif et pitoyable au milieu de ses cousins.

Au-delà du simple professionnalisme d’exécution qui différencie les logos US de notre représentant français, on constate qu’aucun n’expose une représentation du sport concerné. Rien n’indique que les Bobcats sont une équipe de basket, les Jaguars et Les Panthers de football américain. Juste un nom et un symbole. Et cela suffit. Car c’est un défaut de la plupart des logos de Pro A, de condenser tout un tas de critères, de « valeurs » dans un pictogramme qui doit être aussi séduisant en énorme sur un drapeau ou en minuscule sur un en-tête. Donc si l’on s’en tient à cette règle, il faut avant tout trouver son dessin du symbole et sa typo qui elle aussi doit être traitée comme un dessin à part entière. Le style, lui, étant déterminé par l’image que veut se donner le club.

Pour les Couguars, on peut donc partir sur deux typos très différentes, ne signifiant donc pas la même choses. C’est au choix. Les possibilités ne se résumant naturellement pas à ces deux exemples :

La typo déterminera le look du Couguar (ou l’inverse si l’on s’est fixé sur le dessin en premier lieu, la typo devra s’y adapter). Mais on voit bien avec les deux Couguars ci-dessous que le Couguar A colle mieux à la typo 1 et le B à la typo 2.

Mais avant de se déterminer, il faut être clair. Savoir exactement quelle image on veut donner. D’où la nécessité d’un brief qui donnera lieu à une véritable orientation. Imaginons en un totalement virtuel, (je n’ai qu’une vision lointaine et parcellaire de Nancy et du SLUC, donc ce qui suit est le pur produit de mon imagination). On pourrait le pitcher ainsi :

Nancy

La ville, le club ! Nancy est une ville importante dont la création remonte au XIe siècle. Etant située dans une région assez rude et souvent tourmentée par les aléas de l’Histoire, on peut donc s’appuyer sur le passé pour souligner une force de caractère et un esprit combatif. Au SLUC, on est fier, plutôt sérieux, attaché au club, à la ville... Donc un picto cartoon façon NCAA serait dans ce sens assez déplacé pour le SLUC.

Le concept

C’est un couguar. Appelé également puma ce prédateur monochrome a les qualités propres aux grands félins : agilité, souplesse, vivacité... c’est un être dominant. Il a donc tout pour plaire et possède en plus un nom qui claque. On peut juste se poser la question du rapport entre la ville de Nancy et cet animal dont l’habitat s’étend de l’Alaska à la Patagonie, mais ne connaît d’autres terres que les Amériques que dans la cage d’un zoo. N’aurait-il pas été plus judicieux d’opter pour un félidé local ? Un lynx par exemple. Qu’importe. C’est donc un couguar. Faisons avec. C’est d’autant plus facile que c’est un matériau riche et excitant.

Les couleurs

Rouge-blanc-noir ! Le tryptique de l’Allemagne impériale et de ses sinistres successeurs. C’est une trichromie virile, adulte. On est pas dans les petites fleurs et les nounours en peluche. Ça sonne plutôt heavy metal. Il y a une certaine violence dans cet accord de couleur. Mais ce n’est pas gênant. Au contraire. Le tout est de bien équilibrer les rapports de surface. Le rouge, LA couleur du club, doit représenter 3 fois la surface de la couleur de « refuge », le blanc qui lui-même domine dans les mêmes proportions le noir qui n’est là que pour surligner. Ce principe de répartition vaut surtout pour le domaine textile, que ce soit pour les joueurs ou les supporters.
Cela donne donc ceci :

1- Couleurs « domicile »
2 et 3 - Couleurs « extérieure ».
Ça fonctionne. Tellement bien même que c’est assez répandu, (les Bulls en étant le meilleur exemple). On peut donc envisager l’apport d’une quatrième couleur qui serait propre au SLUC. Le choix du Couguar comme figure de proue nous oriente donc vers un orange fauve. Ce qui pourrait donner ceci :

La 1 étant la couleur domicile, le fauve d’appoint est en surlignage comme le noir. Mais elle offre une composition « extérieur » supplémentaire originale, (4).

Sur cette la base de ce « brief imaginaire », s’offre la possibilité du blason Moyen-Âge. Il ancre le Sluc à une certaine image de noblesse, de tradition et de bravoure. On opte donc pour la typo 1 et le couguar A.

Le sigle couguar est une typo « Times » on ne peut plus commune retouchée après vectorisation pour lui donner cette courbe inférieure. En dessous SLUC NANCY BASKETBALL est en majuscules, (une « Copperplate gothic bold » qui présente l’avantage d’avoir des « pattes » old style tout en étant assez large pour occuper l’espace.). Le terme basketball a été préféré à basket pour deux raisons. La première concerne la forme : ça permet de maintenir l’équilibre avec SLUC Nancy sans trop jouer sur les écartements. La deuxième est une raison de fond : on a bien à faire au noble sport et non au panier de la ménagère anglophone.
Les deux petits ballons représentent les deux compétitions disputées : l’européenne et la française. L’étoile symbolise les titres.
Le couguar enfin. Il est rouge et sa couleur naturelle, plus douce, est repoussée au fond. Ce couguar rouge est donc une spécificité nancéenne. Le rouge le ramène à sa dimension symbolique et non géographique. Graphiquement, c’est un mix entre un traitement US et la tradition héraldique moyenâgeuse mise en évidence par le profil. De profil mais en mouvement. Il tourne la tête, attentif au moindre bruit, il est sur le qui-vive. Il regarde vers la droite, donc vers l’avant.
La présence du ballon, dont je regrette pourtant la présence sur de trop nombreux logos Pro A, s’avère utile ici en en arrière plan. Il occupe l’espace entre le Couguar et la typo.

Ceci est bien entendu un logo virtuel qui ne correspond peut-être pas à la vision qu’ont les Nancéens ont de leur équipe, mais il a le mérite d’être le fruit d’une réflexion et d’une exécution rigoureuse.

Dirigeants slucistes, un logo, est le premier contact visuel d’un club, c’est une marque qui doit se retrouver sur toute une gamme de produits merchandising, c’est la synthèse de vos aspirations et de votre identité... C’est donc une chose trop sérieuse pour être confié au petit neveu de la comptable qui dessine vachement bien pour son âge.
Vous avez l’été pour y réfléchir.

Sinon en octobre...
La honte !

À suivre...